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Soda Fontaine, 2016


Depuis quelques années, les lieux de loisirs et culturels étaient devenus des cibles privilégiées d'attentats terroristes par des membres d'organisations fondamentalistes religieuses.


Les réseaux sociaux baptisèrent cette époque "la Grande Peur II". L'absence de personnel d'accueil et de médiation s'était généralisée en quelques années, favorisant le développement de nouveaux supports et technologies, ce qui permit de diminuer efficacement les frais de fonctionnement des structures institutionnelles . Les musées et centres d'art purent à nouveau remplir    certaines missions qui, comme l'acquisition d'oeuvres d'art et la restauration de leurs fonds d'art contemporain, avaient été délaissées voire abandonnées.


L'accès aux lieux culturels, comme la plupart des commerces répondant aux nouvelles normes des Zones de Revitalisation Urbaine, se faisait via des sas, les portes sécurisées s'ouvrant uniquement par la présentation d'une pièce d'identité ou d'une carte bancaire.


Dans un esprit d'économie ainsi que    par désir d'interdire l'accès à des populations errantes pauvres (mendiants, clochards, sdf, migrants, sans papiers,...), la majorité des commerces installèrent exclusivement le lecteur magnétique de cartes bancaires. Cette exclusion des personnes au pouvoir d'achat faible ou inexistant eut pour conséquence malheureuse l' obstruction des trottoirs étroits des rues commerçantes par des poussettes et des enfants livrés à eux-mêmes; les appareils standards de détection ne permettaient pas la reconnaissance de personnes accompagnées. Les ventes en ligne avec livraison explosèrent et les mineures disparurent des magasins.


Des centre aérées Discount, équipés de sas nouvelle génération hors de prix et très performants, ouvrirent dans les rues commerçantes et les galeries commerciales. Ils proposaient des abonnements en partenariat avec certains magasins et la mise à disposition de sièges équipés de 2-EYEs à fil court, lunettes multimédias munies d'oreillettes. L'optimisation des espaces, les forfaits à la minute, une charge salariale quasi nulle et la démission parentale firent de cette activité l'une des plus lucratives de la EYE-économie. Les bracelets électroniques des enfants installés depuis leur naissance à la maternité permettaient aux parents de s'assurer de leurs coordonnées GPS, consultables sur leur 2-EYEs personnels. Les groupes de la grande distribution suivis par les associations de commerçants interdirent d'ailleurs très vite l'accès aux mineures ce qui eut pour effet de créer de nouveaux    comportements compulsifs, obsessionnels ou hystériques chez les consommateurs dès leur majorité. Cette initiative permit indirectement de relancer la croissance avec succès.


Les musées et centres d'art de Melville, craignant une perte de fréquentation considérable, résistèrent à la tentation de restreindre l'accès aux sas par présentation exclusive d'une carte bancaire, une grande partie de leur public bénéficiant d'un accès gratuit ou prépayé, n'étant muni que de carte de retrait voir d'aucune carte de paiement; étudiants en art fauchés, artistes vivotant de minima sociaux, visites scolaires prépayées, enfants en bas âge... La Grande Maison de la Culture persistait, malgré les groupes de pressions, notamment parentales, à refuser l'implantation de Centres Aérés Discount dans ses institutions muséales.


Si la "Grande Peur II" engagea les structures culturelles à adopter des mesures de contrôle drastiques concernant l'accès, la scène artistique melvilloise y répondit d'une manière fantasque.

Les sas comprenaient des identificateurs biométriques, des scanners de reconnaissance de formes, des détecteurs de matières dangereuses de classe 1 à 4, ainsi que de métaux    et de certaines matières plastiques; notamment celles utilisées par des imprimantes 3D comme les ABS (acrylonitrile butadiène styrène) le nylon ou les polyamides, les autorités ayant constaté un usage accru de cette technologie à des fins de production d'armes blanches et à feu. Comme dans tout équipement innovant, les premiers modèles installés comportaient des défauts de fabrication, une ergonomie médiocre, une mauvaise gestion de flux, des pannes multiples, un manque de formation et de réactivité des sous-traitants assurant la maintenance, une pénurie de certaines pièces de rechange...bref Melville fut la ville pilote    de leur installation à grande échelle.


Les galeries d'art, les espaces d'art associatifs et autres artist-run spaces avec pignon sur rue, souffrirent très vite de la laboriosité de l'accès lors des vernissages, moments forts d'ouverture des expositions, contrastant avec la faible fréquentation quotidienne.


Le réchauffement climatique, le débat médiatique persistant sur le port du voile, la lenteur de détection des SAS, notamment dû à la consultation de banques de données indépendantes les unes des autres,    le regain d'intérêt pour les pratiques en pleine air rural ou balnéaire, les manifestations radicales militantes féministes, masculinistes et LGBT, la révolution du 2-EYEs en matière de stylisme et de bodyart augmenté créèrent les conditions d'un phénomène de mode improbable dans les quartiers EST de Melville: la pratique du nudisme citadin, rapidement rebaptisée néocitadisme, fut très rapidement adoptée et promue par l'ensemble de la communauté artistique melvilloise. Elle gagna peu à peu les communautés BOBO investissant les quartiers Est de Melville (assaini depuis la délocalisation des industries) où, depuis une quinzaine d'années de nombreuses usines, commerces, garages avaient été converti en ateliers d'artistes. Ces derniers souhaitaient rester en contact avec le tissu urbain, les quartiers prospères étant incompatibles avec leur pouvoir d'achat, inférieur au seuil de pauvreté pour la majorité d'entre eux.


Les galeries, comme la plupart des commerces de petites et moyennes surfaces, n'étaient munies que d'un seul sas, celui-ci occupant selon les modèles entre 1 et 5 m2 au sol. Les galeries riches, de grandes superficies ou simplement voulant afficher leur prospérité par des accessoires manifestement dispendieux et ostentatoires, se firent installer plusieurs sas, qui empiétèrent très vite sur les espaces traditionnels d'exposition. De nombreuses structures commencèrent alors à installer dans leur sas des oeuvres dématérialisées, numériques et/ou reproductibles, assujettis à des certificats d'authenticité.


La surface des vitrines du SAS M-1C était sécurisée par une feuille d'acier prise en sandwich entre deux films de CAM-EYE. La maille de ce revêtement comprenait des micros caméras alternés de micro LED. Développé par les chercheurs scientifiques militaires à des fins de camouflage en territoire ennemi, le CAM-EYE trouva son application civile dans la sécurisation des murs-rideaux et des vitrines dans le climat sécuritaire de la Grande Peur II. Le CAM-EYE fut la dernière innovation en matière de réalité augmentée avant la révolution des 2-EYES. Cette nouvelle technologie incorpora en quelques mois toutes les informations publiciatires, commerciales, signalitiques, ou législatives en matière d'espace publique. Dès que cette technologie fût démocratisée, (un modèle de base étant offert avec la carte d'électeur à la majorité, dans le but de sensibiliser les jeunes au droit de vote), les Grands Administrateurs firent voter une loi pour l'enlèvement et l'interdiction de tous les supports de communication in situ, considérés comme une pollution sonore et visuel de l'espace public. Les applications de réalité augmentée des CAM-EYE furent tolérées dans la mesure où elles proposaient un contenu modénature, artistique ou décoratif (ce qui n'empêcha guère les publicitaires de faire du placement de produits).


La plupart des commerces éteignaient leur CAM-EYE    en dehors des horaires d'ouverture ce qui aveugler leur vitrine.    La technologie CAM-EYE était partiellement solaire, le LED et les restrictions de luminosité imposées par Les Grands Administrateurs, minimisait l'énergie requise à l'alimentation en électricité des CAM-EYEs. De plus, la plupart de leur vitrine proposait des DIORAMAs via les applications standards des 2-EYES, la promotion des produits étant assurée par les 2-EYES et non plus par le display intérieur des magasins.


SODA Fontaine était un Artist-run Space, un espace d'art contemporain associatif tenu et dirigé par des artistes et des designers. Il avait justement investi le sas de l'ancien commerce éponyme (nommer un espace d'art en relation avec son activité antérieure constitue, avec son adresse postale ou sa typologie d'architecture, la panoplie réduite des inspirations nonchalantes en quête de consensus). Le concept était d'exposer une oeuvre unique et 'inoffensive" composée de matériaux non détectables par les appareils de contrôle ». Les ateliers d'artistes gérant le lieu occupaient le reste de la surface intérieure, inaccessible au public le soir des vernissages. Les oeuvres s'observaient donc de l'extérieur, en vitrine.


Le SAS M-1C était un modèle de base de première génération. Le gérant précédent du local avait bénéficié lors de son installation d'une aide des Petits Administrateurs, dans le cadre des opérations urbaines en faveur d'entreprises appartenant au secteur du commerce de détail, de l'artisanat ou des services.


Avant d'être converti en atelier d'artiste puis en ARTIST-Run Space avec une programmation régulière d'expositions temporaires, SODA Fontaine était un commerce spécialisé en vente à emporter d'eaux minérales et proposait une livraison hebdomadaire ou mensuelle à ses abonnés. Melville étant proche de plusieurs nappes phréatiques et de massifs montagneux. Cette START UP proposait une gamme variée d'eaux calciques, riches en bicarbonates ou en magnésium. L'adoption de contenant exclusivement en verre et le système de consigne avaient grandement participé au succès des campagnes d'adhésion, en accord avec la nouvelle éthique écolo-hygiéniste des classes moyennes et aisées de Melville. La fidélisation de sa clientèle et l'expansion de son champ de livraison poussèrent rapidement l'entrepreneur à investir dans différents entrepôts disséminés dans Melville jusqu'à ce qu'il crée sa franchise et déménage, non sans ironie, dans le    bâtiment    d'un concessionnaire automobile comprenant une station essence, dont les citernes de celle-ci, après désinfection, furent converties en réservoir à eaux. L'implantation judicieuse des entrepôts permit d'ailleurs d'équiper exclusivement le département de livraison en véhicules électriques à faible autonomie, très abordables à l'époque du déménagement de la Société SODA Fontaine, ce qui renforça l'image d'une société soucieuse de l'environnement, de son appréciation et de sa préservation.


Les services en ligne, les systèmes de commande et de livraison avaient paradoxalement remis la ruralité au centre des préoccupations urbaines, par la promotion de produits issues de pratiques (agriculture, apiculture, composte,...) jugées obsolètes. Concernant les pratiques en plein air productrices de richesses (fruits, légumes, miel, liège, fil de soie,...), elles s'implantèrent essentiellement dans des espaces semi-privées (cours intérieures, toits d'immeubles, balcons, jardins partagés,..), la propriété étant garantie uniquement par la sécurisation de son accès.

Quelques individus végétalisèrent néanmoins les trottoirs de bitume avec des psychotropes, opérants des saignées et creusant dans l'enrobe. La répression intensive sur les pratiques conventionnelles du STREET Art avaient poussaient les individus à abandonner les outils affiliés directement à l'histoire des arts plastiques et ses médias traditionnels (peintures, gravure, photgraphie, collages ...) et s'étaient approprié les outils et les savoirs-faires de différents corps de métier liés à l'environnement rural et citadin (paysagisme, flash mob, électricité, plomberie,...). La majeure activité clandestine ayant survécu à la répression envers les actes de vandalisme consistait au hacking des 2-EYEs et des CAm-EYEs selon des territoires géolocalisés dans les applications de réalités augmentées.


La lobby écologiste et la généralisation de l'autopilote pour les véhicules de classe 1, 2, 3 et 4 furent déterminants dans la dépénalisation de la culture de certaines plantes psychotropes, comme la coca , le canabis, le pavot blanc, la laitue vireuse, le datura, la belladone, la jusquiasme, la mandragore, le brugmansia, le duboisa et le peyotl.


Certaines chimistes excentriques, toxicomanes et philanthropes, développèrent aussi des STREETOGM psychotropes. Suite à une surabondance du marché des stupéfiants, le trafic de drogue se maintint uniquement par la vente des drogues de synthèse dont le catalogue se renouvela considérablement    afin de rester attractif envers les jeunes usagers.

Le flou juridique concernant la malherbologie urbaine, ainsi que la difficulté de distinction de ces nouvelles espèces, leurs multiples mutations aboutirent à l'implantation non régulée et définitive dans tous les quartiers un tant soit peu végétalisés de Melville. Les Grands Administrateurs réagirent trop tard pour endiguer cette prolifération, la STREET Police n'ayant pas de formation en horticulture.


Les rues étroites du quartier nudiste de Melville offraient peu de lumière et une fraicheur propice à une espèce particulièrement foisonnante de fleurs psychotropes rouges    surnommés DP par les consommateurs. Acronymes de dialypétale, leur corolle est faite de pétales séparés, appropriés pour une dégustation    mondaine ou flâneuse. Grasses et chargées en THC (dont la teneur s'évalue à l'oeil nu selon la couleur des pétales), les DP se chiquaient et étaient très prisées lors des vernissages de SODA Fontaine car elles étaient abondantes le long des façades encadrant la vitrine de l'Artist-Run Space.


Des crachoirs, conçus et imprimés en 3D par l'un des designers résident de l'atelier, furent installés sur le trottoir de part et d'autre du SAS. Certes la chique de DP était difficilement nettoyable par les services de STREET Nettoyage en raison de leur sève grasse, mais le designer les avait fait installer principalement dans le souci de promotion de sa nouvelle ligne d'objets Self Edition, dans la mouvance DIY du Design post industriel réintroduisant des objets quotidiens dont l'usage avait quasiment disparu comme les décrottoirs ou les grilles d'accès aux caves à charbons (converties en réservoir à eau potable), présentés en extérieur de SODA Fontaine mais aussi les gratte-dos, les pinces à cornichons, les presse-ails, les serre-livres, les marque-pages, les ouvre-lettres, les monocles, les guéridons de cheminée et des flasques, produits phares de la gamme, réédités et déclinés chaque année.


Lors des vernissages à Soda Fontaine puis dans tous les lieux d'art non institutionnel de Melville, chacun était muni de sa propre flaque en plastique non détectable dit PND (une innovation contestée par les autorités mais très prisés dans les cercles artistiques et ouvriers, disponible uniquement sur le marché noir), les vernissages n'ayant jamais été le lieu pour, littéralement, partager un verre. La flasque était le seul accessoire de distinction sociale lors des réceptions en quartier nudiste et donnait aussi la mesure de la consommation et de l'ébriété de son propriétaire.

Concernant la législation sur l'alcool et sa consommation, les flasques avaient l'avantage d'être non translucides et donc de dissimuler la boisson de même que sa marque. Ce transvasement évitait la majorité des verbalisations depuis que les Petits Administrateurs avaient voté un arrêté supprimant les contrôles arbitraires des citoyens dans l'espace publique par la STREET Police.


Le format d'exposition de SODA Fontaine était simple et radical. Les vernissages réunissaient aussi bien les artistes résidents à Melville, que des amateurs curieux, les intervenants de l'école d'art, les critiques locaux, quelques institutionnels, quelques collectionneurs et parfois mêmes certains politiques du département culturel de Melville.


Les élus des Petites Administrations se présentaient rarement pour les évènements à l'exception de certaines manifestations réunissant plusieurs structures artistiques, appréciant la synergie des acteurs locaux et les promesses de développement des quartiers EST. La plupart du temps, les techniciens en charge de la prospection, de l'expertise et du suivi des projets se manifestaient auprès des Artist-Run space les invitant parfois à candidater à des subventions sous forme d'aides financières au fonctionnement, voir à l'investissement ou à la production d'exposition.


SODA Fontaine remplissait les critères de sécurisation minimale du site pour être couvert par les assurances et percevoir des subventions publiques sous réserve d'inaccessibilité au public du SAS, dont les détecteurs, faute de maintenance adéquate, ne fonctionnaient plus depuis des années. Son dysfonctionnement fut d'ailleurs instigateur de sa conversion en vitrine d'exposition et décisif dans l'élaboration de la ligne artistique: une sculpture unique imprimée en PND visible en permanence via le CAM-EYE.


Après plusieurs années d'activité, d'organisation et de production d'exposition auto-financées par ses résidents permanents, SODA Fontaine reçut une première aide au fonctionnement de la part des Petits Administrateurs permettant de payer partiellement le loyer d'atelier (au prorata de l'espace qu'occupait le SAS) , de payer les factures d'énergie, de défrayer partiellement les artistes invités et d'alimenter en matières premières les imprimantes 3D du designer résident permanent.


Les expositions faillirent cesser définitivement suite à un acte de vandalisme sur le CAM-EYE, un hacker ayant introduit un maleware Op Art distordant la visibilité de l'espace du SAS. Un membre d'une association voisine, sympathisante de la structure, purgea le système du virus de manière gracieuse ce qui permit de reprendre la programmation après 4 mois de cessation, ce qui fut d'ailleurs pénalisé par les Petits Administrateurs sur les subventions de l'année suivante.

L'amateurisme de ces structures associatives d'exposition, ne pouvant statutairement réaliser de profit et peinant à constituer une trésorerie suffisante à l'investissement en matière d'équipement et de maintenance, était la raison pour laquelle les Petits Administrateurs acceptaient en partie d'apporter leur soutien: ils les maintenaient dans une dépendance financière paradoxale, les invitant à trouver des fonds privés complémentaires tout en baissant leurs subventions au prorata. Ils comptaient, de manière plus ou moins consciente, sur l'aptitude des artistes à respecter leurs obligations par des efforts et des entorses à la déontologie, à la mentalité et à la législation en application constante dans leurs propres administrations.


La première génération d'Artist-Run space melvillois avaient disparu depuis une dizaine d'années. Les ateliers s'étaient abusivement prêté au jeu d'accueillir des expositions et étaient devenu des espaces d'art associatifs subventionnés, dirigés et gérés par des professionnels. Les artistes résidents avaient eu la faiblesse de céder au désir latent de légitimité en accueillant dans leur atelier des évènements attirant les acteurs de l'art qu'ils auraient peiné à faire déplacer par une sollicitation à titre personnel. Au delà de la gratification immédiate, ce glissement d'artiste praticien à artiste résident, dans le sens de locataire ayant un droit de proposition, de regard et de veto sur la programmation artistique de son lieu de travail, les avaient insidieusement détourné de leur activité artistique première.


La partition claire des espaces d'exposition et des espaces d'atelier, ainsi que le volontariat des membres de SODA Fontaine furent sans nul doute les raisons de la pérennité de l'espace d'exposition en tant qu'Artist-Run Space authentique.


SODA Fontaine mutualisait dans la mesure du possible ses vernissages avec les deux Artist-Run space de la rue dont certains membres étaient d'ailleurs investis dans plusieurs entités. La CAMAILLE proposait la diffusion d'oeuvres numériques abstraites sur un mur-rideau CAM-EYE en dégustant des DP ayant des propriétés synesthésistes et le galerie Bibis proposait l'activation d'oeuvres immatérielles dans une dent creuse adjacente.


L'année de la fête de l'eau potable, un drone piégé détruisit partiellement la façade de l'immeuble de SODA Fontaine. Aucun blessé ne fut déploré parmi les résidents. Aucune revendication ne fit suite à cet attentat. L'association ne put maintenir son activité d'espace d'exposition, le Cam-Eye étant irréparable, les assurances refusant d'indemniser le remplacement d'un SAS M-1C et la trésorerie de l'association étant insuffisante pour compléter la somme nécessaire à l'installation d'un SAS M-4C d'occasion. Les Petits Administrateurs refusèrent de participer à cet investissement considérant que la portion du quartier Est où était situé SODA Fontaine depuis cinq ans était un succès d'implantation de commerces de restauration et d'industries du loisir et préférèrent réinjecter leurs aides financières dans de jeunes structures associatives mieux équipées et implantées dans les quartiers EST+ +, nouvellement requalifiés comme Zones Urbaines de Revitalisation.


Un an plus tard, l'atelier fut dissous suite à l'augmentation considérable du loyer, le ravalement de la façade s'étant répercuté sur les charges en sus d'une augmentation galopante des prix de l'immobilier dans tout le quartier EST, attrayant pour sa vie nocturne, sa flore endémique et son offre culturelle.


Un an est demi plus tard, un salon de DP, dont le mobilier fut conçu en PND et agencé par l'ancien résident designer de SODA Fontaine, ouvrit ses portes.


Deux ans plus tard, un membre de la cellule terroriste ayant commandité l'attentat sur la façade, fut arrêté. Après plusieurs jours de privation sensorielle, le terroriste avoua que l'attentat visait le siège de la société multinationale de distribution d'eaux minérales SODA Fontaine. La qualité du référencement de l'Artist-Run space (dû à l'un des résidents, développeur et intégrateur EYE) et la non-spécification de l'activité sur les applications 2-EYES (elles étaient payantes) avaient entraîné la confusion d'adresse GPS qui suite à une distraction fortuite n'avait pas été revérifiée. La multiplication des attentats isolés et spontanés ne favorisa pas la perfectibilité des méthodes de terrorisme: il offrit une belle démonstration d'amateurisme, la confusion d'adresse et d'enseigne n'étant qu'un exemple parmi tant d'autres.


Cinq ans plus tard, la société SODA Fontaine créa une fondation pour l'art contemporain. Elle racheta l'immeuble du local originel, le détruisant pour construire une architecture contemporaine à plusieurs niveaux avec un mur-rideau en CAM-EYE évoquant une cascade. On pouvait y lire, suite à une dérogation exceptionnelle auprès des Grands Adminsitrateurs :' SODA Fontaine, Source de création'.

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