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Au revoir, 2023

communiqué presse de l'exposition "CHAISES, COCHONS ET LABYRINTHES BOUFFIS" de Floris Dutoit à la galerie Henri Chartier, Lyon, 2023



Lors de sa première exposition personnelle « Bonjour le Bonheur »  à la galerie Henri Chartier, en 2021, Floris Dutoit explorait la gravité de la surface picturale : l’acrylique diluée à l’extrême dégoulinait, formant des grumeaux, distordant des figures caricaturales. Cette seconde exposition privilégie des lignes franches, des surfaces poreuses, lisses et bombées, des figures lisibles et assagies, se détachant crûment de leur fond de toile de lin (et de coton). Le textile brut offre la teinte dominante de l’exposition, un liant entre la série de cochons en salopette, celle des chaises de jardin, ainsi qu’un milieu concret, immaculé et statique.


Le nombre de sujets est donc réduit1 et concentre notre attention sur leurs variations et la technique singulière développée par l’artiste : une peinture, exécutée horizontalement, avec de la résine teintée dont le séchage est accéléré par l’adjonction d’un durcisseur.


Peindre à l’horizontal : une pratique répandue induisant des petits ou moyens formats le plus souvent, la table de l’atelier en étant le plan de travail limitatif. Pour Floris Dutoit, la filiation relève du pouring, technique consistant à déverser, depuis le pot, la peinture sur la toile. Ce processus fût mis au point dans les années 50, par l’artiste américaine Helen Frankenthaler bien qu’éclipsé à l’époque par « l’innovation » du dripping de Jackson Pollock, technique proche et précédemment expérimentée par Max Ernst.


La géométrie de la forme ajourée de la « chaise de jardin en plastique » permet ici de structurer l’espace des compositions, lire les lignes de perspective, imprégner la toile crue d’une profondeur, quand bien même la résine expurge tout effet d’ombre propre à ces objets monochromes. La surface unie de la toile ne serait plus tant perçue comme une matière nonobstant l’élasticité de sa tension sur le châssis que semble explorer, avec humour, la distorsion de la figure porcine, occupant pleinement les formats, comme une assiette de buffet froid bien garnie : plan tête-épaule (persillée) ou plan pied (de porc).


La frontalité et la symétrie des portraits tendraient à revendiquer un goût pour les figures archétypales, leurs qualificatifs étant indissociables de ceux de leur format: grand, gros, plein, épais, élancé, fin, petit, (dé)tendu. Têtes de cochon sur teinte de coton. Pour la série des chaises, certaines compositions renvoient au décor de conversation pieces2, l’espace vide au dessus des chaises invitant le regardeur à y projeter des jouisseurs déserteurs. Mais le peintre favorise la terrasse populaire à la scène de salon, la rugosité de la toile aux surfaces huileuses, dans une quête d'efficacité où la virtuosité est discrète, comme retenue. En témoigne des fleurs des champs ciselées qui apportent leurs touches de couleurs dans des tableaux quasi achromes. Le sol est jonché de gobelets déversant quelques nappes de boissons colorées non identifiées : la fête est finie.


L’exposition réunit des œuvres, des trônes en toc observés par des cochons roses hébétés aux yeux humides, des chaises musicales sans participants, des séries complémentaires renversant le conte de Boucle d’or. Pour sa deuxième exposition personnelle, Floris Dutoit privilégie la satire à la caricature.


« La ferme, Orwell!3 »



1Bien que les œuvres aient été peintes dans une tour panoramique, à l’atelier de l’espace d’art l’Attrape Couleurs, Floris Dutoit a concentré son attention sur ces 2 sujets, enclenchés lors de sa précédente résidence à la Factatory à Lyon

2L'expression anglo-saxonne conversation piece qualifie en histoire de l'art une peinture de genre, représentant un portrait de groupe, mais selon un dispositif informel, et ayant un caractère intimiste, et qui se développa surtout au XVIIIe siècle en Angleterre.

3 « La Ferme des animaux » est un roman court de George Orwell, publié en 1945, où il décrit une ferme dans laquelle les animaux se révoltent contre leur maître, prennent le pouvoir, chassent les hommes et vivent en autarcie.

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