Je ne sais pas encore que je rêve.
Les rêves. Intéressant à faire, pénible à quitter, laborieux à raconter.
Je suis avec Iggy et Freddy dans le deuxième appartement d’Iggy. Iggy est séparé, a la garde partagée de ses jumeaux et il est peintre, ce qui à l’heure actuelle le définit bien. Il est poète aussi .Freddy n’est pas poète, il est peintre. Je ne sais pas encore que je rêve car tout cela est vrai à part ce deuxième appartement.
La pièce où nous nous tenons est claire, de la moquette marron au sol, des murs beige, un lit simple contre un mur. Pas de literie distincte. Peut-être au carré. Environnement terne et calme. Propre. Rangé. Silencieux. Pas d’enfants. Pas de signe d’enfants. La pièce en dessert quatre autres. Nous ne visitons pas, nous parlons. Nous ne sommes pas dans un labyrinthe ou alors un facile, pour les enfants. Nous sommes le centre. C’est exceptionnel et morne à la fois.
Iggy se plaint des difficultés et de la nécessité simultanée d’avoir un deuxième appartement.
Depuis sa séparation, il a conservé le logement familial et peine à en payer le loyer. Je crois que ses parents l’aident un peu. Je suis surpris de découvrir ce deuxième logement. C’est pour ton atelier ? Oui. Il n’y a pas de tableaux, pas de papier bulle, pas de pot, pas de pinceaux, pas de fauteuil en sky défoncé. Il se plaint et nous l’écoutons. Assis en tailleur, en chaussettes, Freddy nous confie avoir fait l’acquisition d’un balcon télescopique pour un prix très intéressant. Son téléphone émet une belle lumière.
Auparavant, j’ai passé du temps avec Freddy dans un appartement allemand, mais sans Yggy. Nous avons beaucoup parlé de cette belle lumière, de ce que nous y mettrions comme abat-jour , sans vraiment déménager.
Je marche en rond autour d’eux changeant de sens parfois. Je suis dans mes calculs, évaluer les charges, les frais fixes, la formulation juste pour ma désapprobation sur cette location supplémentaire. Un deuxième appartement, ce n’est pas sérieux. Tu aurais dû déménager sur le palier d’en face. Plus petite surface. Loyer plus raisonnable. Pas de frais ou de logistique particulière pour déménager. Trouver le moment opportun pour déclarer quelque chose de péremptoire, d’assuré, de concis. Ce type de moment où je devrais raisonnablement et inconditionnellement fermer ma gueule. Emprunter une figure. Un labyrinthe. En Allemagne, je voulais que Freddy m’aide à en choisir la couleur mais Freddy me dit de me méfier des labyrinthes allemands, des croisements et des croix, de leur sens aussi.
Au mur, une selle qui sent du cul sur un guidon. Un minotaure à l’accent espagnol. Ce rêve est fini, ready-made.
Le sommeil est fragile, mes amitiés aussi. Je le suis.
Mon fils m’a réveillé. Il a fait caca. Je l’ai essuyé et me suis recouché.
(…)
Fait chié. Me lever. Travailler pour oublier la fatigue.
Ecrire à Yggy.